Peut-être que le personnage principal de cette histoire, avant Lilou, avant les oiseaux, c'est le vent.
Tu connais, le vent ? Attention le vrai vent, hein. Pas le petit courant d'air qui se faufile dans les rues des villes, ni la brise fleurie des campagnes, ni même le vent frais du matin au sommet des grands pins, non non : le vrai grand vent ! Celui qui fait s'envoler le sable des plages et frappe contre les falaises ! Le vent fou qui t'arrache ton bonnet si tu sors voir la mer blanche d'écume, le vent qui rend les vagues terribles, grosses comme des baleines - le vent venu de l'autre bout du monde, né de l'océan sauvage, si puissant qu'il réussira peut-être un jour à renverser le ciel !
Toi, je ne sais pas, mais Lilou, c'est ce qu'elle aime, justement, ce très grand vent-là. Quand il se met à souffler dans la lumière aveuglante du soleil et que les mouettes jouent à faire des pirouettes, Lilou, du haut de ses huit ans, met ses bottes et sa vareuse, et court jusqu'aux dunes qu'elle dévale en criant à toute force !