Laurent Contamin
auteur, metteur en scène, comédien
Le Jardin

La première fois que j’ai vu Enzo, c’était en juin. Juin, c’est le plus beau mois de l’année dans le jardin : il y a des fleurs de toutes les couleurs –  lavande, marguerite et coquelicot – les papillons voltigent, les arbres sont comme neufs. Les journées durent longtemps, il commence à faire chaud…

C’est le tilleul qui me fait me rappeler qu’Enzo est arrivé en juin ; parce qu’en juin, le tilleul sent très bon. On le sent de loin, de derrière les grilles du jardin botanique, dans tout le quartier. Et c’est l’odeur, d’après ce que m’a dit Enzo, qui l’a attiré dans le jardin. Il s’est posé tout en haut du tilleul, il a regardé en bas, à droite, à gauche, et il a dit : voilà, c’est ici ; je m’installe.

Il a fait son nid très haut, parce que le tilleul est très grand, c’est l’arbre le plus haut du jardin, il a quatre cents ans – c’est marqué sur un petit écriteau, en bas du tronc – et Enzo, en plus, s’est installé sur la plus haute branche. Alors on a tous levé la tête – je veux dire Kiko, Bonzo et les autres, on a dit bonjour, bienvenue dans le jardin botanique, est-ce que tu as besoin d’aide pour apporter tes affaires, comment tu t’appelles.

Il a répondu : « Je vous répondrai demain. J’ai fait un long voyage jusqu’ici, maintenant bonsoir » ; la discussion s’est arrêtée là.

Il était cinq heures de l’après-midi et Enzo s’était endormi tout en haut du grand tilleul.


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