Mon texte est venu d’un souvenir de spectacle : une guinde avait été mal fixée derrière une frise, elle pendait un peu dans le cadre de scène, et j’avais passé l’essentiel du spectacle à regarder ce bout de fil, là haut, pris parfois dans la lumière des projecteurs, apparaissant, s’effaçant… une présence extraordinaire ! Tout un théâtre ! J’ai donc ici convoqué ce fil, laissé entrer un personnage, puis deux, la pièce est devenue un triangle. A un moment de l’écriture, j’ignore pourquoi, cette phrase de Hölderlin a surgi : « Dieu crée l’Homme comme l’océan les continents : en se retirant ». Alors je me suis dit qu’il était peut-être temps de faire disparaître ce bout de fil dans les limbes, pour voir ce qu’il adviendrait de mes deux autres personnages, sur le plateau. Il m’a semblé qu’ils devenaient d’un coup capables de quitter leur labyrinthe, d’entrer en relation, de tisser leur fil d’Ariane rien qu’à eux, invisible. J’ai assisté à la naissance de leur humanité, à leur liturgie neuve. Ils avaient perdu le fil, mais qu’est-ce qu’ils étaient beaux !
A lire également : des textes dramatiques courts, sur le même thème (Sur le fil), de Nadale Fidine, Emilie Leconte, Corinne Marion, Camille Michel, Dominique Paquet, Kouam Tawa et Romy Vasselin.
ISBN : 978-2-9592494-1-6
74 pp. / 10€
#lakope_theatre
