« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires. Elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par des circonstances indépendantes de sa volonté ». (Déclaration universelle des Droits de l'Homme)
Il m'a semblé intéressant de faire un état des lieux des droits de l’homme aujourd’hui dans nos sociétés dites « avancées », et l’axe du travail est un bon révélateur, car il cristallise autour de lui d’autres critères en matière de droits de l’homme tels que l’éducation, le niveau de vie, la liberté, le logement, la précarité, l’immigration, la clandestinité, etc…
La notion de travail a évolué au cours des siècles : du Moyen-Age où il s’agissait d’assurer sa subsistance, de combattre l’oisiveté et d’avoir les moyens de faire l’aumône à aujourd’hui où le travail est en passe de devenir un privilège (comportant, il est vrai – et ce n’est pas le moindre de ses paradoxes, un certain nombre de risques – accidents, stress etc.) en passant par le dix-neuvième siècle où, inspiré des philosophes des Lumières, les phalanstères européens et l’American way of life voulaient recréer un Eden sur Terre, toujours la pensée du travail est allée de pair avec une pensée de l’homme : quel homme pour quelle société ? Aujourd’hui, la question se doit d’être posée.
J'ai travaillé à partir de faits divers (journaux, témoignages etc.) collectés sur l’année 2008. Chacun de ces événements, chacune de ces situations, alimente une des « stations » de la "machine à faire du théâtre" de la compagnie. Chaque séquence peut être vue indépendamment des autres par le public ; pour autant, il y a un lien, un fil rouge : l’idée de cette machine roulante, de charrette, que la compagnie fait déambuler et dans laquelle les personnages marionnettiques sont manipulés, m’a fait penser au Minotaure, être mi homme mi animal (pour certains philosophes, et je pense notamment à Marx, Hanna Arendt ou Simone Weil, le travail est précisément ce qui positionne la condition humaine en regard de celle de l’animal), menace permanente, mais aussi machine à faire avancer l’Histoire : la roue tourne…
De plus, la notion de labyrinthe tel que la mythologie grecque le présente autour du mythe du Minotaure m’intéresse car dans tous les trajets particuliers que je traite, cette thématique du dédale de la précarisation intervient. L’homme est, tel Dédale et Icare, prisonnier d’une structure dans laquelle il doit trouver des ressources inouïes de combativité et d’ingéniosité pour s’en sortir.
2 personnages-manipulateurs (1 homme, 1 femme)
Durée : 1 heure en déambulation libre
Mise en scène : Sophie Ottinger, assistée de Laurent Michelin
Scénographie, marionnettes : Sophie Ottinger
Composition sonore : Laurent Michelin
Une commande et une production de la compagnie En verre et contre tout
Avec : Sophie Ottinger et Benoît Valmer ou Benoît Piel
Création le 4 juillet 2009 au festival Renaissances à Bar-le-Duc (55). Tournée à suivre (Pont-à-Mousson...) : se renseigner auprès de la compagnie.