5 - Extérieur aube
KONRAD : Entrée de Denis. Il se penche pour acheter des tickets de tramway par la lucarne du kiosque ; alléluia. Voilà qu’ils nous envoient des prêtres
Américains. Les Américains viennent travailler chez nous dans la religion.
DENIS : S’il vous plaît un ticket, tarif normal.
KONRAD : Je pense : c’est un coup du pape, ou non, je n’en sais rien.
AGATHA : Est-ce que le jeune homme fraîchement rasé, là, l’homme uniformisé, toi dont les ancêtres se sont lancés à l’assaut du Mur de l’Atlantique après de longues années d’hésitation, est-ce que vous connaissez le mur de l’équateur ? De quel arrière-mur venez-vous ? Ici nous on passe, nous, notre enfance dans des arrière-cours, les murs des arrière-cours c’est les seuls murs qui nous soient familiers.
DENIS : Oui ?
AGATHA : On se suspend à des portiques, on se balance sur des pneus attachés à des cordes, et on se dit que le bonheur, toute notre enfance, c’est de se balancer dans des arrière-cours sur ces agrès de fortune, avec les voisins et les amis et les amis des voisins et les voisins des amis, des touffes de cheveux multicolores comme des fleurs sauvages dans un champ d’orge ô
Pubiens d’Utopia c’est nos parcs unesco à nous.
DENIS : Denis. Je viens de Utah. Comment va votre joie ?
AGATHA : Agatha. Sissoko. La joie ça va toujours. Le tout c’est qu’elle circule.
DENIS : C’est un plaisir très réel. Voici mon accréditation.
KONRAD : D’habitude ils sont par deux.
DENIS : Je suis navré de ne pouvoir vous évangéliser maintenant mon frère n’étant pas là il m’est
Déconseillé.
AGATHA : Sissoko aussi a un frère.
KONRAD : Tais-toi.
in Hérodiade, © Editions Ragage