Laure commence la ghalo. Peu à peu musique ghalo (quand Laure a fait un pas sur le fil), très douce d’abord, maintenant seule, harmonieuse.
Corine a versé le contenu de la théière dans le bac transparent et fait flotter le bateau dessus. Le pose sur la table. Puis elle allume une bougie. Puis elle monte dans la chambre des cartes avec les crampons. Une fois installée, elle prend un livre dans la petite étagère à oiseaux au-dessus d’elle, elle feuillette, le remet, en prend un autre qu’elle se met à lire :
(Laure, à ce moment-là, en est au quart de sa traversée)
CORINE
On n’a qu’une vie / un jour / on comprend ça.
Alors on…
On lâche
Ce qui est dit, autour : « elle prend le large », « elle prend du recul », « elle prend des risques »… En fait on prend rien : (accent Laure) On lâche.
Le théâtre du monde, oui, on lâche :
C’est tellement plus simple, l’océan, la montagne
Tellement plus simple que le théâtre des villes mondialisées
Même le danger là-bas c’est plus simple que le danger des villes mondialisées.
(demi-tour Laure) On s’était dit tu serais Alexandra, (demi-tour Laure, regard sur Corine) moi Anita (semelles Laure)
Alexandra David-Néel et Anita Conti, la femme aux semelles de vent et la dame de la mer
Et pourquoi pas aussi Peggy Bouchet, Ellen Mac Arthur, Claudie Haigneré, Ella Maillart, Maud Fontenoy, Isabelle Eberhardt
Alexandra, Anita, toi, moi et toutes les autres
Mais le théâtre de ça aussi il faut le lâcher
Aventurer le corps
Franchir
D’autres seuils
D’autres frontières
C’est toujours ailleurs qu’est ta place
Là, on ne fait pas semblant / là
On n’occupe pas sa vie à tuer le temps (pourquoi vouloir le tuer d’ailleurs ?)
(accent Laure)
Il y a un grand élan qui traverse tout
Alors un jour
Un souffle dans un souffle
Tu pars
(Laure en est aux deux tiers de sa traversée)
t = 10 mn
Et toujours la musique GHALO qui reprend le dessus (avant le dernier paragraphe de Corine ou à la fin du texte)
Corine monte en « cosmonaute » au-dessus du fauteuil de la chambre des cartes, tout en lisant le livre, puis elle le remet sur le siège et descend par le tissu « debout sur le tronc » tandis que la musique continue et que Laure est montée au fauteuil au contraire par une corde ou une échelle de corde. Elles se sont croisées pied à pied sur le tronc, entre le sol et le fauteuil.
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