Elémir ne peut pas passer une journée sans courir dans la forêt. Le matin avec Sophia, il travaille le plus vite et le mieux qu'il peut, afin qu'elle le libère plus tôt. Alors il fonce se changer dans sa chambre et il prend la clef des champs (des bois, plutôt).
L'année a passé à toute allure, les couleurs d'automne ont laissé la place aux grands troncs noirs frissonnant dans la brume, puis des milliers de points vert tendre sont apparus au bout des branches, et nous voilà en mai, et il aura bientôt douze ans.
Et il court, Elémir. Il court à travers les taches de soleil et les nappes d'ombre fraîche, il court à travers les nuages d'insectes, il court dans l'odeur du printemps, dans la caresse du vent. Ses pieds avalent le sol, la forêt vient à lui, le monde lui appartient. Jamais il ne s'arrêtera.