JUDITH : Tu n’as pas l’air de prendre la venue de l’auteur comme une bonne nouvelle… J’imagine pourtant que…
MAYLIS : Ah ben tout s’explique…
ROMANE : J’ai un peu peur. On a quand même pas mal réinterprété sa pièce… On est un peu loin de la légende médiévale…
MAYLIS : Je comprends mieux…
ROMANE : Au départ c’est une commande de la ville de Tulle, pour les fêtes de la Libération, j’ai eu un petit budget pour ça, alors quand un certain Guillaume Tulle, le soir même, m’a proposé une pièce sur la Résistance, j’y ai vu comme un signe du ciel. Ça doit te parler, ça, les signes du ciel. Tulle-Tulle, tu comprends.
JUDITH : Oui…
MAYLIS : Ça couche énormément, dans ce milieu, ma sœur.
ROMANE : Mais là, le coup de ta chanson, Maylis, de l’univers tennistique, de la scène d’amour sur la chaise d’arbitre avec la Noiraude…
MAYLIS : … On est un peu loin de Guillaume Tell…
JUDITH : … Et de Tulle aussi, d’ailleurs…
ROMANE : … Oui. Et du coup on est doublement loin de Guillaume Tulle. Fuck. J’ai peur que suite à la générale, il ne nous donne pas l’autorisation de jouer le spectacle demain soir.
MAYLIS : Mais enfin Romane ! Guillaume Tulle ne peut pas nous interdire de jouer quand même ! On est en démocratie ! S’il n’est pas content on n’a qu’à le tuer après la générale et on jouera sa pièce quand même. Je suis sûre qu’Erwan saura nous faire ça très bien. Il a un atelier avec des scies, des pinces, des tronçonneuses… Si Guillaume veut la guerre, il l’aura.
JUDITH : Il y a peut-être des moyens plus pacifiques d’arranger les choses…